LA DIVERSITÉ DES PAPILLONS DANS LES JARDINS
Sur une petite centaine d'espèces de papillons de jour présentes en Hauts-de-France, une trentaine est susceptible d'être observée assez fréquemment dans nos jardins. La plus grande diversité se révélera la nuit venue avec l'apparition des papillons de nuit ou hétérocères qui représentent, aussi bien en Hauts-de-France que partout dans le monde, plus de 90% des lépidoptères.
DIFFÉRENCE ENTRE UN PAPILLON DE JOUR ET UN PAPILLON DE NUIT
Pour le simple observateur, le plus facile est de regarder les antennes. Les papillons de jour ont toujours des antennes en massues (rhopalocères) et ont des mœurs diurnes. Toutes les autres formes d'antennes appartiennent aux hétérocères qui en grande majorité ont des mœurs nocturnes même si certains vivent le jour (Moro-sphinx, Ecaille chinée...).
QUELS SONT LEURS RÔLES DANS LA NATURE ?
En transportant le pollen des fleurs qu'ils butinent, les papillons de jour sont des pollinisateurs essentiels. Leur longue trompe leur permet de visiter les corolles en tube, ignorées par les abeilles et les bourdons. Les hétérocères participent également à la pollinisation, notamment des fleurs nocturnes qui ne s'épanouissent que la nuit, exhalant leur parfum au crépuscule pour attirer les visiteurs nocturnes : c'est le cas du Chèvrefeuille que vient butiner le Sphinx du troëne. Notons que ces papillons de nuit représentent aussi une ressource alimentaire importante pour les chauves-souris.
ET LES CHENILLES ?
Si les chenilles de piérides dans les choux, ou celles de certaines noctuelles connues sous le nom de vers gris, suscitent l'exaspération des jardiniers, elles jouent pourtant toutes un rôle important dans les écosystèmes en constituant une ressource alimentaire de choix pour de nombreux insectivores, et en particulier pour les oisillons au printemps. Difficile d'élever une nichée de Mésanges charbonnières sans chenilles !
LES PAPILLONS DISPARAISSENT...
Partout en France, les populations de lépidoptères sont en constante régression. Les causes sont multiples :
- Fragmentation et disparition de leurs habitats : urbanisation, assèchement des zones humides, semis de prairies artificielles au détriment des prairies naturelles, abandon de pratiques agricoles extensives conduisant au boisement de ces espaces, arasement des haies.
- Pesticides, tant insecticides qu'herbicides qui éliminent des plantes-hôtes,
- Fauchage précoce des prairies, chemins et bords de route qui impactent les premiers stades de vie
- Trafic routier,
- Pollution lumineuse pour les papillons nocturnes…
À cela, s'ajoutent les impacts du changement climatique qui affectent les espèces à de multiples niveaux.
COMBIEN DE TEMPS VIT UN PAPILLON ?
Il faut savoir que le papillon que l'on voit voler est un adulte (ou imago) et que cette phase ne représente, généralement, qu'une infime partie de la vie d'un lépidoptère. Il la commence dans un œuf dont il sortira sous forme de petite chenille. Celle-ci possède six courtes pattes à l'avant et des pattes ventouses à l'arrière. Son rôle est de se nourrir, grossir et grandir en réalisant des mues successives jusqu'à s'immobiliser pour se transformer en chrysalide. Pendant cette période d'immobilité, des transformations s'opèrent et bientôt émergera l'imago. Cette phase sera celle de la reproduction.
La durée de chaque phase varie considérablement selon les espèces. Certaines comme La Laineuse du Cerisier (Eriogaster lanestris) peuvent rester plusieurs années sous terre à l'état de chrysalide, pour d'autres comme l'Hydrocampe neigeuse (Acentria ephemerella), l'imago ne vole que quelques heures, le temps de se reproduire.
Généralement, le cycle de vie s'effectue sur une année, le stade larvaire étant toujours plus long que le stade adulte, mais certaines espèces ont plusieurs générations par an.
Ainsi, la durée de vie d'un imago peut varier d'à peine quelques jours à plusieurs mois quand il hiverne (un record de 11 mois pour le Citron !) ou lorsqu'il migre pour se reproduire, comme le Vulcain ou la Belle-dame.
AGIR DANS SON JARDIN POUR LES PRÉSERVER
Les jardins peuvent devenir de véritables refuges pour les papillons en suivant quelques mesures simples qui offriront des conditions de vie favorables sur la totalité de leur cycle biologique.
- Pour accueillir leurs œufs et nourrir les chenilles, favoriser la flore sauvage locale, arbres, arbustes, plantes herbacées et fleurs : noisetiers, prunelliers, saules, genêts, orties, fenouils, lotiers, trèfles, géraniums sauvages, violettes, graminées, plantains…
- Pour fournir de la nourriture aux adultes, conserver ou planter des arbres et plantes nectarifères : cornouillers, troènes, ronces, valérianes, marguerites, trèfles, sauges, luzernes, asters, centaurées et toutes les fleurs sauvages locales.
- Si possible, conserver du lierre sur les arbres et certains murs. À l'automne, ses fleurs constituent une des rares sources de nectar et il offre un refuge hivernal à certaines espèces (ex : Citron).
- Laisser une partie du jardin en végétation naturelle et ne faucher qu'à l'automne ou une année sur deux, planter une haie avec des essences bocagères.
- Bannir les éclairages crépusculaires et nocturnes qui perturbent les papillons de nuit qui deviennent des proies faciles pour leurs prédateurs.
AGIR EN CONSOMMANT
En privilégiant les produits issus d'une agriculture respectueuse de la nature, on favorise aussi les papillons et la biodiversité !
LE SAVIEZ-VOUS ?
Attention au Buddleia, « l’arbre à papillon » : il n'attire que les adultes et c'est un arbuste classé invasif. Privilégier les variétés stériles (qui restent nectarifères).
QUE MANGENT LES PAPILLONS ?
La très grande majorité des papillons adultes aspirent des liquides sucrés à l'aide de leur trompe qu'ils déroulent, comme le nectar des fleurs, la sève suintant des arbres, le jus des fruits pourris… Quelques uns se délectent d'excréments, mais certains ne s'alimentent jamais, utilisant les réserves emmagasinées au stade larvaire !
Selon les espèces, la femelle papillon pond généralement sur les tiges, les feuilles ou les racines des plantes d'une même famille botanique et même parfois d'une seule espèce végétale. Les chenilles qui éclosent se nourrissent exclusivement de leurs plantes-hôtes, s'imprègnent de leurs saveurs et les transmettent à l'adulte qui sera ainsi "programmé" pour reconnaître ces plantes.
C’est pourquoi, les végétaux exotiques et variétés hybrides de nos jardins sont presque toujours dédaignés par les chenilles de notre région même si leur nectar peut attirer des adultes.
Plus rarement, les chenilles de certaines espèces consomment du bois ou des graines, des boutons floraux, des lichens, des mousses... Chez quelques microlépidoptères, les chenilles se nourrissent de cire d'abeilles, de poils, de plumes ou de laine (comme les mites des vêtements).